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Refus des médecins d’être médecin traitant : les raisons évoquées

Un patient sur dix reste sans médecin traitant en France, selon les dernières données de l’Assurance Maladie. La législation n’impose aucune obligation au praticien d’accepter une nouvelle patientèle, sauf en cas d’urgence ou d’éloignement géographique.Certains généralistes limitent volontairement leur liste de suivis, invoquant surcharge de travail, départs à la retraite ou manque de temps. La répartition inégale des professionnels sur le territoire accentue ce phénomène, compliquant l’accès aux soins pour de nombreux assurés.

Pourquoi est-il si difficile de trouver un médecin traitant aujourd’hui ?

Le chiffre parle de lui-même : près de 6 millions de Français n’ont plus de médecin traitant, d’après l’Assurance Maladie. La diminution du nombre de médecins généralistes dans plusieurs départements aggrave la situation, tandis que les refus de prise en charge se multiplient partout sur le territoire. En Meurthe-et-Moselle, une enquête de l’association UFC-Que Choisir a révélé une réalité frappante : plus d’un praticien sur deux refuse d’endosser ce rôle pour les nouveaux patients.

Sur le terrain, les témoignages affluent. Nombre de praticiens avouent se battre quotidiennement contre la surcharge administrative et le manque de temps. Beaucoup justifient leur fermeture à de nouveaux suivis par la nécessité de préserver la qualité de la prise en charge, déjà fragilisée par la pénurie de confrères. Dans certaines zones, la rareté des médecins rend souvent les démarches des patients vaines. Les chiffres abondent : à Paris, quatre médecins sur dix ferment la porte à de nouveaux dossiers ; dans les campagnes, cette proportion s’envole.

Pour les patients, la réalité se résume à une succession d’impasses. Le principe même de l’accès aux soins via un médecin traitant s’effrite et laisse place à un parcours complexe, à géométrie variable selon le lieu de vie. UFC-Que Choisir et d’autres associations s’efforcent d’alerter les autorités : l’équité d’accès aux consultations doit rester une exigence, et non un lointain objectif.

Pénurie, surcharge, critères de choix : ce que vivent les médecins et les patients

Partout sur le territoire, la pénurie de médecins généralistes s’observe : des secteurs entiers manquent de bras, les calendriers débordent, les délais s’étirent. Consultations, urgences, tâches administratives… Les généralistes se retrouvent sur tous les fronts et leur fatigue devient palpable. Accepter un patient supplémentaire en tant que médecin traitant relève souvent du casse-tête, sinon de l’impossible.

Du côté des patients, chaque tentative pour trouver un suivi médical tourne souvent au parcours du combattant. Les refus s’enchaînent, parfois sans explication. Ceux qui s’obstinent multiplient les appels ou tentent de passer par les maisons de santé, mais la stabilité d’une relation de confiance reste hors de portée lorsque le praticien change à chaque rendez-vous.

L’adresse aussi, fait toute la différence. En zone rurale, un seul généraliste porte tout un secteur sur ses épaules, ce qui renforce la pression et limite d’autant les nouveaux suivis. En ville, la densité n’empêche ni la saturation, ni la difficulté d’accès. Beaucoup de médecins préfèrent continuer avec leur patientèle de longue date, certains essaient d’ouvrir leur porte, mais chacun doit arbitrer. L’Assurance Maladie observe la situation de près et rappelle régulièrement que la prise en charge médicale doit rester équitable, quel que soit le code postal.

Jeune femme inquiète dans la salle d

Accompagner un proche : comment s’organiser face aux refus et aux obstacles ?

Lorsqu’il faut aider un parent âgé, un enfant ou un proche dépendant à trouver un médecin traitant, la tâche se transforme bien souvent en défi. Refus récurrents, délais interminables, démarches multipliées : il faut anticiper et mobiliser toutes les ressources pour garantir une prise en charge correcte et régulière.

Quelques démarches concrètes permettent d’augmenter les chances d’obtenir un suivi médical :

  • Prendre contact avec les cabinets médicaux à proximité : certains médecins généralistes acceptent encore des patients, surtout là où la situation est un peu moins tendue.
  • Solliciter les structures locales telles que les mairies ou les centres d’action sociale, qui disposent souvent d’informations actualisées sur les praticiens accessibles.
  • Contacter les associations de patients comme UFC-Que Choisir ou France Assos Santé, qui connaissent parfois des réseaux alternatifs ou des dispositifs adaptés à certaines situations.

Parfois, agir à plusieurs fait la différence. Il arrive que des familles sollicitent ensemble un même médecin, en mettant en avant leur proximité ou le besoin de continuité médicale. Si toutes les tentatives échouent, l’Assurance Maladie propose un accompagnement via ses propres conseillers, avec la possibilité d’orienter vers une consultation temporaire ou un autre praticien, afin d’éviter toute rupture de suivi.

Dans les cas les plus complexes, saisir le conciliateur de la caisse primaire d’assurance maladie permet de réexaminer la demande. Ce médiateur tente de rapprocher le patient d’un médecin traitant, notamment dans les départements les plus affectés où le taux de refus frôle des sommets, comme à Paris ou en Meurthe-et-Moselle. Être tenace, compter sur les réseaux de proximité, unir les efforts : ces stratégies, parfois, font basculer la situation et débloquent une prise en charge attendue depuis des mois.

Chercher un médecin, accompagner un proche, tout cela ne relève plus de la simple formalité. Se soigner demande désormais patience, persévérance, et une bonne dose d’énergie collective. À l’échelle du pays, la question du médecin traitant s’impose comme un défi qui touche toutes les générations, porté par des histoires de familles, d’isolement, mais aussi d’espoir têtu. Qui prendra le relais pour ne pas laisser ces attentes sans réponse ?