Santé

Les bienfaits et risques de la prise quotidienne de compléments alimentaires

En France, près d’un adulte sur deux consomme au moins un complément alimentaire chaque année, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Les ventes poursuivent leur progression, alors même que la majorité des besoins nutritionnels peut être couverte par une alimentation variée.

La législation européenne encadre strictement la mise sur le marché de ces produits, mais certains effets indésirables graves sont régulièrement signalés. Une utilisation inadaptée, l’accumulation de principes actifs ou l’interaction avec des médicaments courants figurent parmi les principaux facteurs de risque.

Compléments alimentaires : définition, usages et diversité des produits

Les compléments alimentaires ont envahi les rayons des pharmacies et s’affichent désormais jusque dans les boutiques en ligne les plus généralistes. Par nature, ce sont des denrées alimentaires destinées à soutenir l’alimentation quotidienne. Leur contenu ne se limite pas aux classiques vitamines et minéraux : on y croise aussi des plantes, des acides aminés, des probiotiques, des antioxydants ou des enzymes. Les fabricants rivalisent d’imagination pour séduire tous les profils, déclinant leurs produits en gélules, comprimés, ampoules, capsules, poudres, liquides, et même en gummies qui rappellent les confiseries, de quoi brouiller les repères entre plaisir et supplémentation.

Cette multiplicité traduit aussi la variété des attentes. Certains recherchent une parade aux carences en fer, calcium, magnésium, zinc, vitamine D ou B12. D’autres espèrent une aide pour la digestion, le sommeil, la concentration ou les performances physiques. Les multivitaminés et formules dites « tout-en-un » continuent d’attirer un large public, séduits par la promesse d’un mieux-être global.

Panorama des formes et lieux de vente

Avant de choisir, il est utile de connaître les formats disponibles et les canaux par lesquels ces produits arrivent jusqu’au consommateur.

  • Gélules, comprimés, ampoules et capsules
  • Poudres et solutions buvables
  • Gummies à mâcher

L’achat ne se cantonne plus aux officines. Les grandes surfaces, magasins bio, enseignes spécialisées et sites de vente en ligne élargissent le choix, et donc l’accessibilité au marché des compléments alimentaires. En France, ces produits sont vendus librement, sans ordonnance, mais un cadre réglementaire strict s’applique. Impossible de prétendre guérir ou prévenir une maladie : la loi veille à ce que le complément reste un appoint, rien de plus.

Quels bénéfices peut-on réellement attendre d’une prise quotidienne ?

Que peut-on véritablement espérer d’une cure quotidienne de compléments alimentaires ? Les attentes sont nombreuses, mais les preuves, elles, restent sélectives. Les études scientifiques sont formelles : une supplémentation ciblée se justifie avant tout en cas de carence prouvée ou de besoins particuliers. Les végétaliens doivent surveiller leur vitamine B12, les nourrissons ou les adultes peu exposés au soleil bénéficient d’un apport en vitamine D, et la vitamine B9 est recommandée pour les femmes enceintes.

Voici les principaux contextes dans lesquels une supplémentation trouve un réel intérêt :

  • Durant la grossesse, avec un apport en acide folique et en fer
  • Pour préserver la santé des os (calcium, vitamine D)
  • En prévention de carences liées à des régimes stricts ou à l’âge

En dehors de ces situations, la prise régulière de compléments multivitaminés ou de produits vantant une meilleure santé ou vitalité n’apporte pas de bénéfice démontré chez les adultes en bonne santé, qui mangent de façon équilibrée. Les allégations sur la performance mentale, l’amélioration du sommeil ou le renforcement des défenses immunitaires s’appuient rarement sur des fondements solides. En clair, la réelle utilité dépend du profil de chacun et du contexte, bien loin des promesses marketing qui pullulent.

Jeune homme au bureau regardant des informations santé

Risques, réglementation et conseils pour une consommation responsable

L’usage quotidien de compléments alimentaires n’est pas anodin. Les signalements d’effets indésirables se multiplient à mesure que le catalogue de produits s’élargit. Surdosages, interactions avec des médicaments, réactions inattendues : la vigilance est de mise. L’ANSES et la DGCCRF rappellent qu’aucun complément ne remplace une alimentation diversifiée. Certains ingrédients, comme le Garcinia cambogia ou la levure de riz rouge, font même l’objet d’avertissements précis en raison de leurs risques pour le foie, les muscles, ou plus rarement, le cœur.

Le cadre réglementaire impose des règles strictes sur la composition, l’étiquetage et la commercialisation. Le décret n°2006-352, en particulier, oblige à indiquer la dose journalière à ne pas dépasser et à mentionner tout avertissement utile. Aucune mention thérapeutique n’est autorisée. Grâce au système de Nutrivigilance, chacun peut signaler des effets indésirables et ainsi contribuer à la surveillance du marché.

Certaines situations exigent une attention accrue. Les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées, les individus épileptiques ou sous traitement médical doivent absolument consulter un professionnel de santé avant d’entamer une supplémentation. Certaines associations présentent des risques : la vitamine K avec des anticoagulants, la mélatonine avec certains médicaments, ou encore la vitamine A si les doses sont trop élevées. L’achat sur Internet expose à des produits mal dosés ou contenant des substances interdites.

Pour limiter les risques, il est judicieux de privilégier des circuits de distribution contrôlés et de signaler immédiatement tout effet indésirable à un médecin ou via le portail Nutrivigilance. La sécurité de chacun s’appuie sur la vigilance des consommateurs, la compétence des professionnels de santé et la rigueur des règles en vigueur.

Face à la multiplication des offres et des promesses, garder l’esprit critique reste la meilleure défense. Entre bénéfices ciblés et risques réels, la prudence s’impose : avant toute supplémentation, prendre le temps de s’informer, c’est déjà prendre soin de soi.